Réaliser des anesthésies avec l'hypnose
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser aux travaux de l’hypnose dans le contexte de la douleur. Ces applications sont aujourd’hui de plus en plus plébiscitées tant par le monde médical que paramédical pour les résultats qu’elles permettent auprès des patients ; nous vous proposons donc ces quelques mots pour mieux comprendre comment ces techniques fonctionnent.
Comprendre le mécanisme de la douleur
La douleur est définie par l’association internationale pour l’étude de la douleur comme “une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable et associée à un dommage tissulaire présent ou potentiel, ou décrite en termes d’un tel dommage”. On distingue les douleurs dites aigües, reflétant le symptôme d’une lésion et les douleurs chroniques considérées comme maladies à part entière.
Lorsqu’un traumatisme se produit à un endroit du corps, un message nerveux est véhiculé depuis la zone locale à l’aide des terminaisons nerveuses via les nerfs périphériques jusqu’au cerveau, qui va interpréter l’information comme étant de la douleur et produire ensuite la sensation correspondante.
A ce moment-là, différentes réactions motrices réflexes sont susceptibles de se manifester lors de la transmission du message douloureux, ainsi en est-il du fait de retirer sa main vivement lors d’une brûlure sur une plaque chauffante.
L’intensité de la douleur est gérée par un filtre modulateur situé au niveau de la moelle épinière, communément appelé la “porte”. Le message douloureux transite par cette porte, qui peut être plus ou moins ouverte. Plus la porte est ouverte, plus le débit est augmenté et la sensation de douleur perçue comme intense. A l’inverse, si l’ouverture est moindre, le débit est moins important, et la sensation plus faible.
Le cerveau sécrète ses propres substances anti-douleur appelées endorphines (ou endomorphines) qui inhibent la sensation désagréable en fermant la porte. C’est cette connaissance qui a ouvert la voie à la production des médicaments dit analgésiques, renforçant ce mécanisme en inhibant la sensation douloureuse.
A ce sujet, il est important de ne pas confondre les notions suivantes :
- L’analgésie est l’insensibilité aux sensations de douleur seules, la capacité de ressentir les autres sensations demeure, bien que parfois limitée.
- L’anesthésie est l’annihilation totale de toute sensibilité, à la douleur mais également à toute autre sensation physique, locale ou généralisée.
Comment fonctionne l’hypnose pour contrôler la douleur ?
L’hypnose peut agir sur les douleurs corporelles en réalisant des anesthésies partielles et des analgésies.
Elle est aujourd’hui de plus en plus utilisée dans les blocs opératoires pour réaliser des anesthésies naturelles dans des processus qualifiés d’hypnosédation, ce qui présente l’avantage de réduire, voire parfois de supprimer les injections de produits anesthésiques où la prise de risque allergène notamment demeure importante.
Il est toutefois possible, hors ce contexte purement chirurgical de réaliser des applications permettant de soulager le sujet en proie à la douleur aigüe ou chronique. Ces applications sont expérimentées par le personnel hospitalier (qui a eu plusieurs fois recours à nos formations) ainsi que par des praticiens libéraux en complément de leurs techniques.
Pour réaliser anesthésies et analgésies, l’hypnose utilise les altérations sensorielles (ou hallucinations hypnotiques) qu’il est possible de produire au moyen des outils de la suggestion et des images mentales.
Dans le cas de l’anesthésie, une fois l’hypnose obtenue, le praticien va suggérer l’illusion d’une perte de la sensibilité au niveau de la partie du corps concernée (par exemple un bras ou bien une jambe). Ainsi, s’il n’y a plus de sensibilité, le signal d’alerte envoyé au cerveau n’arrive pas, ce qui fait que le filtre modulateur de l’intensité de la douleur va se refermer et le message douloureux cesser de transiter.
Les applications concrètes de ce principe sont nombreuses : elles favorisent notamment pour les infirmiers les changements de pansements douloureux, la pose de sondes gastriques et bien d’autres.
Dans le cas de l’analgésie hypnotique, le praticien peut œuvrer à altérer progressivement la sensation douloureuse pour y substituer une sensation plus agréable et ainsi tenter d’accompagner la personne à une forme de reprogrammation mentale progressive qui lui permettra de retrouver du bien-être, ce qui s’avère particulièrement intéressant dans le cas des douleurs chroniques, dont une part s’avère bien souvent liée au psychisme, conditionné à produire des sensations douloureuses malgré le fait que parfois, la lésion physique n’existe plus.
Il est fascinant de remarquer combien, ce que l’hypnose ericksonienne nomme Subconscient peut être réellement à même de constituer un lien psycho-physiologique et combien un travail au niveau de l’esprit peut avoir une incidence non-négligeable sur les activités corporelles.
Et si les applications en matière d’anesthésies et d’analgésies n’étaient qu’un début ? Quelles sont réellement les possibilités de l’esprit sur le corps ?
Quelles que soient les réponses, l’hypnose constitue sans conteste une clef permettant de mieux comprendre ces relations et de favoriser l’exploration de cet univers intérieur fascinant et encore bien méconnu : nous-mêmes…